• Dans la nuit

    Je referme la porte, l’absence de lumière m’éblouit. Je lève la tête, rencontre la grande ourse, une vieille amie, émerveillement de mes nuits d’enfant lors des vacances d’été. Je m’avance dans le jardin cherchant dans l’immensité étoilée la petite ourse et l’étoile polaire. Ça y est j’ai retrouvé le nord, maintenant tout peut arriver !

    Un concert de crapauds démarre emplissant la nuit d’un chant d’amour, je leur souhaite de trouver une compagne qui saura apprécier leur belle voix. Mon pire cauchemar serait de marcher   sur l’un de ces princes charmants au lieu de l’embrasser et de passer une nuit exaltante avec lui.

    J’avance tâtonnant du pied le sol pour éviter les mauvaises rencontres, cailloux, arrosoirs ou autres accessoires de jardinages. Je ne sais plus où je suis, je ne reconnais plus les lieux, tout est bizarre. Je scrute le ciel et espère l’apparition d’un rayon de lune. Mais pour l’instant l’obscurité est profonde. Quelques choses m’effleurent la jambe, je sursaute, imagine des monstres pour jouir d’une peur inavouable, un miaou me ramène à une réalité plus banale.

    J’ouvre le portail, observe la place où un lampadaire crachote une lumière blafarde. Je distingue une ombre assise sur le trottoir. Je m’avance croyant reconnaitre Christiane ma voisine. J’engage la conversation, surprise de voir une dame de plus de 85 ans dehors à cette heure si tardive. Pas de réponse. Je persiste, lui raconte mes peurs nocturnes. Soudain la lune se lève et… Oh consternation je suis entrain de causer à une poubelle ! j’éclate de rire et entends « chut tu vas réveiller tout le lotissement ! ». Je me retourne et découvre une ombre un grand chapeau sur la tête, une cape sur les épaules. Il m’invite à danser sous la lune au rythme de la sérénade des crapauds. Me voilà gesticulants et tourbillonnant avec des ombres lunaires, la mienne, celle de ce bel inconnu et peut-être d’autres non identifiables. L’ivresse monte et me voilà partie dans un ailleurs fort exaltant.

    Une porte claquée et une engueulade me font redescendre brutalement dans une querelle d’amoureux après une soirée mal arrosée, deuxième claquement de porte, démarrage violent d’une voiture, les phares dans les yeux, en une seconde le charme est rompu, mais la lune me fait un clin d’œil amicale et complice.

    J’entends des sanglots dans les buissons, quelqu’un cherche ses clés en jurant et trépignant. Je m’approche tranquillement pour proposer mon aide mais suis arrêtée dans mon élan par un vigoureux « N’approchez pas ou je … » une main tremblante de peur dirige vers mon visage une bombe anti-agression. Estomaquée je m’immobilise et ouvre les bras en lui disant « tout doux, je suis votre voisine. Avez-vous besoin d’aide ? » un « mêles-toi de tes oignons et tu n’as rien vu » me fais faire demi-tour. Elle doit vraiment être bien imbibée pour me prendre pour un rodeur mal intentionné, elle qui pleure si souvent sur mon épaule.

    Je repars m’asseoir sous mon arbre préféré, lui au moins n’aura pas peur ! je m’endors à ses pieds, bercée par le concert des crapauds, enveloppée par les rayons lunaires, le chat sur les genoux.

     

     


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