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    Une sonnerie, un message arrive sur WhatsApp. Elle découvre une vidéo suggestive. Son imagination s’envole. Adieu la prise de tête et le tableau sur lequel elle travaillait. Son corps s’éveille, des fourmillements la parcourent de la plante des pieds à la pointe des seins. Une onde de plaisir la traverse. Elle savoure. Puis elle se remet au travail sans répondre comme si le message la laissait froide et sans réaction.

     

    Une nouvelle sonnerie, l’excitation pointe son nez. Surtout ne pas lire, suivre les courants qui sillonnent ses entrailles et attendre. Le mouvement s’apaise, elle reprend son souffle et calmement attend la prochaine vague.

     

    Une autre sonnerie, un autre message. Là elle n’y tient plus. Elle regarde fébrilement. Ils sont deux à la bombarder d’images, de mots doux, d’insultes, de délires…

     

    Son sexe se réveille, le feu embrase son ventre, une chaleur volcanique déferle dans toutes les parties de son corps. Mais pas encore dans sa tête. C’est bon mais elle veut encore attendre. Elle reprend son travail le corps en transe Elle attend la suite.

     

    Deux sonneries arrivent coup sur coup. Elle laisse monter la pression, respire, se calme. Les sonneries continuent de plus en plus rapides. Elle ne peut plus suivre. Son cœur est comme un tamtam dans la nuit africaine. Elle sent un tsunami naitre au creux de son ventre. Sa volonté ne pourra pas le contenir.

     

    Une ultime sonnerie. Elle lâche son ordinateur. La voilà partie dans une autre galaxie où tout son être est dissous dans un océan de plaisir.

     

     

     

    Salba

     

    22/11/2018

     

     

     


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    Il y avait la chaleur, la saison sèche, la saison des pluies, l’humidité, les livres qui moisissaient dans les placards. Un ventilateur au plafond brassait l’air et permettait un sommeil plus serein. Parfois on dormait, sur la terrasse, à la belle étoile mais gare au coup de lune pire qu’une insolation ! La chaleur étouffante ralentissait les rythmes. Des habits blancs, un casque colonial blanc tenaient lieu d’armure contre un soleil trop ardent pour les peaux blanches.

     

    Il y avait les soirées chez le gouverneur, les bals en robes longues noires, les fêtes entre coloniaux. On se croyait une élite au milieu des indigènes auxquels on apportait la civilisation. On voyageait sur le fleuve au milieu des hippopotames. On partait en brousse comme on part en week-end. Entre amis on parlait de la France ; on y rentrait tous les deux ans pour un séjour de six mois pour se refaire une santé.  

     

    Il y avait le « Boy », pas de nom mais une fonction. Il était noir et homme à tout faire : cuisine, ménage, jardin…C’est lui qui suait sous la chaleur écrasante. Il parlait un français « petit nègre » et raisonnait autrement. Il alimentait la discussion des patronnes.

     

    Il y eut les grands-parents, puis les parents, enfin des fillettes, bébés blancs, phénomènes pour les indigènes lors des sorties en brousse.

     


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    Je l’appelle Princesse Moi-Je

    Quand je l’imagine en voyage 

    Quand elle engage une femme de ménage 

    Quand elle raconte son jardin 

    Quand elle cherche un vêtement à sa taille

     

    Je l’appelle Princesse Moi-Je 

    Quand, face à son mari et son fils 

    Elle cherche sa place ou rêve d’un ailleurs 

    Quand elle se perd en chemin 

    Et veut absolument nous guider

     

    Je l’appelle Princesse Moi-Je 

    Pour continuer à l’aimer malgré les écorchures 

    Pour calmer les paroles malheureuses 

    Pour rire de ses plaintes 

    Pour sourire de ses petits bobos

     

    Elle est ma sœur et je l’aime.

     


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    C’était notre dernier Noël tous en famille avec Jo. Je me rappelle d’un moment particulièrement délicieux avec Juliette et Thimothée. 

    T- He papy Jo, nous avons trouvé ces trois photos. Tu peux nous dire c’est quoi ? 

    J- Oh oui Papy, elles sont trop rigolotes, on dirait qu’elles sont très vielles ! 

    PJ -Faites voir ça. 

    T- c’est où ? 

    PJ- C’est à Paris quand j’étais jeune. J’y ai travaillé pendant un an. A mes heures de détentes je visitais la Capitale et prenais des photos sur des scènes qui me surprenaient ou m’amusaient. 

    J- C’est  qui ces deux Chiens, Ils ont une drôle de position, on dirait qu’ils se racontent une histoire. 

    T- Tu dis n’importe quoi on dirait qu’ils posent pour la photo, c’est peut-être des stars pour un film de Walt Disney. 

    PJ- C’est Tania et Oscar, les chiens d’un copain dresseur d’animaux pour un cirque. Ils font leur numéro en pleine rue : Assis sur leur arrière-train, le dos bien droit, les pates avant remontées à hauteur du poitrail, la tête dans l’axe du dos, la bouche ouverte et la langue pendue, les oreilles basses, les yeux brillants. Sur cette photo, on ne sait pas s’ils attendent une récompense gustative pour leurs efforts ou l’applaudissement des badauds ou s’ils font la causette sur le comportement bizarre de leur amis les humains. 

    J- je me demande ce qu’ils peuvent trouver de bizarre aux humains. Quand même on leur donne à manger tous les jours on leur fait des caresses et on les emmène promener. 

    T- Ouée, mais en ville on les tient en laisse, c’est pas génial pour eux. Ils ne peuvent pas courir après qui ils veulent. Là en plus ils sont dressés, tu parles d’un esclavage ! c’est comme si on exigeait de nous, de nous tenir sur la pointe des pieds, d’ouvrir la bouche et tirer la langue pour avoir un bonbon. 

    PJ- C’est vrai, mais toi tu aimes bien aller au cirque, il me semble, non ? 

    T- Tu as raison Papy. Bon. Et celle la de photo c’est quoi ? 

    J- C’est pas terrible comme ces bonhommes tiennent cette femme, Ils lui serrent les seins et les jambes, la pousse. C’est pas gentil ! 

    PJ- Je vois cinq hommes costauds pour la tenir debout : un lui maintient le mollet d’une main et un sein de l’autre, un autre caresse fermement sa cuisse, tout en malaxant son autre sein, un troisième soutient ses fesses, un quatrième lui tient un bras et peut-être un genou, le cinquième la reluque des pieds à la tête en se demandant s’ils vont arriver à la mettre dans la bonne position sans trop souffrir. Et toi Thimothée qu’est-ce que tu vois? 

    T-La reine des neiges mise à nu et bientôt exposée en place publique pour tous les cœurs qu’elle a brisés. 

    PJ- Ce qui est bien c’est que chacun voit ce qu’il veut sur une photo réussie. Et Juliette que vois-tu ? 

    J- C’est la déesse de la forêt adulée par tous ses prêtres. La forêt manque dans les grandes villes, on y dépose donc des statues la représentant pour que les hommes se rappelle qu’il faut protéger les forêts. C’est pas vrai Papy ? 

    PJ- C’est un point de vu intéressant. 

    T- Et la troisième photo, c’est toutes tes copines ? Il n’y a pas Mamie ! 

    PJ- C’est sur y a pas Mamie Lucette, on ne s’était pas encore rencontré ! 

    J- C’est qui alors, tu connais leur prénom ? En tout cas elles sont drôlement belles mais habillées bizarre. 

    PJ- Je ne me rappelle pas. Ce que je vois aujourd’hui c’est cinq jeunes femmes attablées à la terrasse d’un café qui savourent les caresses du soleil. Leurs visages lisses et détendus, les yeux fermés, la tête légèrement en arrière, les lèvres entrouvertes ébauchent un sourire. Le dos appuyé sur le dossier d’une chaise peu confortable, les jambes étendues sur d’autre chaises permet le relâchement du corps. Les bras sont posés avec grâce sur le corps ou sur une table. Moment paisible au milieu d’une journée active. Je me demande quelles images traversent leur pensée ? D’après vous ? 

    T- C’est dur de savoir ce qu’il y a dans la tête des filles. Elles ne pensent pas comme nous les hommes, Pas vrai Papy ? 

    PJ- C’est une question intéressante. Mais je n’en dirai pas plus car je ne veux pas me disputer avec Mamie Lucette. 

    J- Vous êtes nuls. C’est pas difficile vu l’âge qu’elles doivent avoir, elles rêvent du prince charmant. Un beau jeune homme avec plein de qualités surtout celle de s’occuper gentiment d’elle. Pour certaines il sera blond, pour d’autres brun. 

    T- Mais moi, je n’ai aucune envie de m’occuper d’une princesse. Elles ont qu’à trouver un chevalier servant ou un valet et pour quoi pas un esclave tant qu’on y est. Et puis je suis roux ouf pas de risque d’être pris pour un prince charmant. 

    PJ- ça, c’est bien envoyé. Je n’aurai pas voulu épouser une princesse, elles sont trop pénibles. Par contre j’ai trouvé ma Reine, votre grand-mère. Et toi Juliette tu rêves du prince charmant.  

    J- Ah non. Je ne m’imagine pas dormir 100 ans et être réveillée par un baiser. 

    Je rêve de superman avec qui je ferrai des voyages intergalactiques époustouflants et sauverai la planète. Et Thimothée de qui tu rêves ? 

    T- Tu es trop curieuse ! je ne dirai rien ! 

    En entendant ces paroles un sourire me vient. J’ai aperçu Timothée avec la petite voisine, on dirait qu’elle lui plait bien. 

    Depuis papy Jo s’en est allé dans un autre monde et je regarde de temps en temps ces photos pour me rappeler ce moment délicieux de complicité avec nos petits-enfants.

     


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