Quand on regarde les vols d’étourneaux dans le ciel gris de l’automne on admire en premier la chorégraphie. C’est magnifique et d’une telle grâce qu’on ne se pose pas la question du pourquoi ni du comment. La question serait plutôt qui est le chef d’orchestre ou plutôt le meneur du ballet ? Ont-ils répété ou est-ce de l’improvisation ? S’ils ont répété, c’est sous d’autres cieux car ici l’harmonie et la cohésion sont parfaites. Si c’est de l’improvisation, tous les danseurs rêveraient de se faire greffer le gène de l’impro des étourneaux !

Deuxième question : les étourneaux font -ils d’autre chose en groupe ?

Chez mes voisins il y a un gros cyprès et tous les automnes il se transforme en hôtellerie pour une tribu d’étourneaux. Ces derniers arrivent tous les soirs à la même heure. Ça discute longtemps avant que chacun ait trouvé son lit et s’endorme. Et le matin même scénario ; ils font peut-être la queue à la salle de bain et certains trouvent que d’autres prennent trop de temps. Bref ils sont prêts tous en même temps. Quelle synchronicité ! Ils ont peut-être le gène de la synchronicité implanté sous les ailes ? Parfois certains viennent s’égarer dans notre haie. J’en ai interviewé un qui a tenté de me répondre malgré la pression du groupe (ils risquaient d’être en retard !). On ne se la joue pas individuel chez les étourneaux c’est mal vu ! Bref d’après ce que j’ai compris, s’ils volent en groupe c’est pour des raisons de sécurité : le nombre fait force et protection. En effet un petit oiseau perdu dans l’immensité du ciel peut être la cible des rapaces et des vautours. La cohésion du groupe fait rempart. Le mouvement rapide des déplacements rend fous les prédateurs qui ne savent plus où donner de la tête. Ils regardent à droite à gauche, visent et plongent dans la masse mais le nuage bien appétissant est déjà ailleurs. Au bout d’un moment les voraces louchent et perdent pieds.

En résumé quand on est petit mieux vaut être nombreux et quand on est nombreux mieux vaut être organisé. En plus chacun est reconnaissant à l’autre d’être là.

Je me demande si la chaleur des étourneaux est meilleure que la chaleur humaine ? Y a-t-il des querelles dévastatrices au sein des communautés d’étourneaux ? Comment gèrent-ils les conflits ? Certains font-ils la grève quand la distance à parcourir est trop grande ? Y a-t-il un chef ? Font-ils des élections ? Leur système social est-il un modèle qui pourrait inspirer une humanité en crise sociale et politique ?