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    Au fond du jardin, contre le mur des fraisiers ont repris vie en ce début de printemps. Des fleurs sont apparues, prémisses d’une récolte future. J’en salive déjà. J’imagine les beaux fruits rouges au goût délicat.

     

    Le temps passe….

     

    Au milieu des feuilles vertes, une tâche rouge attire mon œil. J’avance la main, soulève les feuilles. Délicatement je coupe les tiges puis dépose au creux de ma main ces premiers fruits tel un trésor offert par la terre. Une terre apparemment pauvre mais aimée des fraisiers malgré l’abondance de cailloux.

     

    Je croque une fraise charnue. Je ferme les yeux pour mieux savourer les parfums délicats qui envahissent mon palais. Je me revois dans le jardin de mon grand-père, les yeux pétillant de gourmandise.

     

    J’ai envie de partager ces fruits merveilleux avec mon compagnon, pas avec les fourmis, ces ogresses qui accourent déjà pour se goinfrer. C’est une course contre la montre ; si elles ont été les plus rapides et ont entamé une de ces belles je leur laisse. Par contre je cueille toutes celles qui ont commencé à rosir même si elles ne sont pas tout à fait mures. Le partage n’est peut-être pas très équitable : la majorité des fruits pour deux et deux ou trois fraises pour une colonie de fourmis. Elles ont le droit de vivre et moi de me régaler en bonne compagnie.

     

     

     

    Salba

     

    Mai 2019

     

     

         


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    Tu prends la première rue à droite

    Les murs sont gris

    Un chien flaire l’angle du mur

    Un enfant pleure devant une porte fermée

     

     

    Tu avances la tête dans les nuages

    Tu longes un bar d’où s’échappe des relents de fumée

    Ton regard est attiré par une lumière clignotante

    Tu entends une sirène

     

     

    Une femme te souris

    Mais tu ne la vois pas

    Un vélo te bouscule

    Mais tu ne réagis pas

     

     

    Tu penses à Lola

    La dispute a été rude

    Tu es sorti en claquant la porte

    Ton cœur s’est fermé

     

     

    Un rayon de soleil t’éblouit

    Eclairant un souci orange

    Soupirant de plaisir sous la caresse de la lumière

    Une percée dans ton cerveau

     

     Tu t’arrêtes

    Tu vois la rue

    Tu entends la vie autour de toi

    Tu éclates de rire.

     

     

    Salba

     

    Le 9/05/2018

     


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    Il n’avait que son adresse. Perdu dans ses souvenirs, les yeux dans le vide, son béret à la main, il lisait sur un minuscule papier gras une écriture inconnue : rue des pistoles dans le vieux quartier. En déchiffrant lentement cette écriture puérile des souvenirs remontaient à la surface : le vieux quartier, les ruelles sales, les cris des enfants, le linge pendu aux fenêtres… cela faisait des années qu’il n’était pas venu à Marseille.

     

    Sa vie d’aujourd’hui se passait ailleurs dans une nature verdoyante. Le Marseille de son enfance ne ressemblait pas à ce qu’il découvrait autour de lui. Même les odeurs sont méconnaissables ! Il ne savait plus où il était, il errait, pensant à d’autres lieux. Il voulait tout oublier mais maintenant il n’avait plus le choix.

     

     

     

    Il avait reçu un mail de Jojo, son pote d’enfance. N’avait-il vraiment plus le choix ? le choix de quoi d’abord ? Revoir Jojo ? Il se souvenait d’un jeune homme fonceur, intrépide manquant parfois de jugement. Il l’entraînait toujours dans des plans foireux, des combines qui se retournaient contre eux. La dernière fois qu’ils s’étaient vus ou plutôt aperçus, il ne l’oublierait jamais. Les sirènes et les gyrophares bleus créaient une ambiance de boite de nuit, pourtant on était dehors. Ça courrait dans tous les sens. Une porte s’est ouverte, Il s’y est engouffré et sa dernière vision a été un éclair de pistolet. Il s’est fait tout petit dans un placard pour attendre que ça passe, la tête en feu, la peur au ventre, les idées emmêlées, essayant de comprendre ce qui avait foiré. Tout paraissait au point, qui les avait trahis ? Son cerveau tournait en boucle. Il écoutait, entendait des cris, des pas précipités, des reniflements de chiens. Il retenait sa respiration. Il attendait, recroquevillé pour se rendre invisible, se faire oublier. Ses doigts étaient crispés devant sa bouche. Il tremblait. Il pensait à sa mère, elle devait encore se demander où il se trouvait. Il lui avait promis de ne plus écouter Jojo mais les arguments de ce dernier étaient toujours irrésistibles.

     

     

     

    Plus tard il a appris que Jojo avait été blessé, arrêté, jugé et avait purgé une peine de 15ans. Trop heureux d’en avoir réchappé il avait oublié Jojo et ses idées folles. Que lui voulait-il maintenant ? Il se demandait pourquoi accourir à son premier sifflement. Se sentait-il coupable ? est-ce Jojo qui s’était senti trahi ? Voulait-il se venger ? Puis il se dit qu’il était fou d’être ici. Qu’espérait-t-il ? Renouer cette relation brisée par la vie, brisée par lui, brisée par la réaction de sa mère. Pourtant il s’était senti bien puni quand elle l’avait envoyé en pension dans le nord de la France, sous la pluie. Au début il ne comprenait pas quand on lui parlait. Ça a été l’horreur avant de trouver son chemin.

     

     

     

    Salba

     

    Le 21/03/2019

        


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  •  1 Le napperon

     

    Sur la table ronde

    Un napperon blanc en dentelles 

    Sur le napperon la lumière 

    Dans la lumière un grand vide. 

    Un grand vide rempli

    De frustrations, d’espoirs, de renoncements, de rêves

    Et surtout de l’absence d’un beau vase

    Où pleurent des fleurs en bouton

    Jack ne voit que son journal

    Tina que les touches du vieux piano

    Et le napperon tourne en rond sur cette table ronde

    Lien entre ces amants figés dans un silence qui les éloigne. 

     

      

    2 Lettre à sa sœur

     

    Chère Anna,

     

    Voici deux jours que nous sommes à New York. La chambre que nous avons louée me déprime. Jack ne desserre pas les dents. Plongé dans un journal, que cherche -t-il ? C’est soi-disant top secret. Il ne veut pas sortir. Que puis-je faire dans cette ville immense où je ne connais personne ? Dans la chambre il y a un piano mais pas de partition et en plus je ne sais pas en jouer. Ecris moi, cela me fera passer le temps. Et envoie-moi, s’il te plait la partition de la chanson de nos 15ans, celle que tu gardes précieusement dans ton journal ; je pourrais au moins chanter en repensant à nos délires de jeunesse.

     

    Ta sœur qui se sent bien seule et qui t’aime.

     Tina

       

    3 Eva

     

    Adolescente, sa mère avait un piano. 

    Son professeur venait à la maison. 

    Elle jouait aux fêtes familiales. 

    Elle s’est mariée, le piano est resté chez ses parents. 

    Son mari n’aimait pas la musique.

     

    4 Liste des morceaux pour apprendre à jouer du piano

     

    L’hymne à la joie 

    La chanson à Elise 

    La berceuse cosaque 

    Des chants de Noël 

    La sonate au clair de lune 

    Ya d’la rumba dans l’air

     

    5 Rengaine des jours de pluie

     

    Do, ré, mi 

    Quel gâchis 

    Mi, fa, sol 

    Dans l’alcool 

    La, si, do 

    A l’Eldorado.

     

    6 Ambiance

     

    Le silence vibre dans la chambre 

    Les notes sont en suspend 

    La respiration de jack s’accélère 

    La peur sort du journal.

     

    7 Petites annonces du New York times

     

    Achète tableaux anciens 17ième/18ième/ 19ième siècle, modernes, impressionnistes d’artiste américains ou étrangers. Tel : 09 ………….

     

    Vends superbe Cadillac tout confort de 1930 V16 convertible coupe by Fleetword rouge, 2000km, 165 ch, première main. Prix à discuter. Contact au 06       

     

    Antiquaire achète violoncelle à partir de 1000 $ contact : maison Etienne 07      

     

    Vends chats siamois pure race, vaccinés, 4 mois, prix très intéressant contact : 04

     

    Concerts de jazz ce vendredi pour plus de renseignement nous joindre au café de la 124ième avenue.

     

    8 Derrière La Porte

     

    On pleure derrière la porte 

    Ces gémissements m’insupportent 

    C’est notre voisine, je crois 

    Elle vit un chemin de croix

     

    Tous les soirs j’entends des disputes 

    Son mari la bat je suppute 

    Elle le traite de gros porc 

    Et met à fond son transistor

     

    Jack sort, cogne à leur porte 

    Les traite de sales cloportes 

    Les menace de tous les maux 

    Ils se taisent, bravissimo.

     

    9 Rêverie à la fenêtre

     

    Il fait chaud. De la fenêtre grande ouvert montent les bruits de la rue. Tina sort de sa rêverie attirée par des rires d’enfants. Dans l’immeuble en face, elle aperçoit deux enfants qui jouent avec une jeune femme. Est-ce leur mère, leur nourrice, leur cousine ? Elle revoit sa cousine Alice, ses longs cheveux blonds toujours bien coiffés. A chaque visite elles avaient droit à une histoire drôle, à des jeux surprenants ; l’imagination d’Alice n’avait pas de limite. Elle se rappelle la fois où Anna a failli s’étrangler de rire, les remontrances des parents les ont calmées.

     

    10 Quand la vie revient

     

    Après une journée fructueuse, assis confortablement dans le fauteuil, Jack sourit du coin des lèvres. Ce soir il aime New York. Il veut fêter la réussite de son projet. Dans le journal, l’annonce d’un concert de jazz le rend fébrile.

     

    Tina après une journée à rêvasser dans cette chambre impersonnelle pianote un air qui lui revient en mémoire. Elle baigne déjà dans la musique. Son corps se réveille. Elle espère une nuit mouvementée.

     

    Des pas précipités résonnent dans l’escalier, des coups tambourinent sur la porte. Tina ouvre et reçoit un magnifique bouquet aux couleurs rayonnantes.

     

    La vie revient.

     

     

     

    Résultat de recherche d'images pour "hopper chambre à new york"Suzanne

     

    Avril 2019

     

     

     

     

        


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    Je n’en serais pas arrivé là si ce matin là la voisine d’en face était sortie en bikini. Au lieu de ça, elle était emmitouflée dans son grand manteau. Elle pleurait à chaudes larmes sur son chat qui venait de mourir. Et moi, bonne âme pour une fois, j’ai été attendri. J’ai oublié que le sexe était mon seul moteur et j’ai fondu à côté d’elle. Elle me tend un mouchoir, je la prends dans mes bras et lui chante ; « Ainsi font, font, font les petites marionnettes, ainsi font, font, font… » Mais quand même je ne pouvais pas quitter complètement mon terrain de jeu favori : le sexe. Au fait c’était un chat ou une chatte ? J’espère que c’était une chatte, c’est plus stimulant et excitant.

     

    Bref je l’ai consolée, caressée et entre nous est née une relation durable, codifiée, normalisée. On s’est mis ensemble, dans un petit pavillon de banlieue, voisins d’une SPA féline. Chats et chattes y font des « ramiaou » à longueur d’année ! Bref il m’est venu l’idée que vu le contexte, nous n’aurions pas d’enfant mais plutôt des chats.

     

    A chaque mort d’un chat, tout le lotissement fait une procession qui se termine par une grosse fête, Plus jamais Voisine n’a pleuré un chat. Mais à présent j’en suis là, la SPA me prend tout mon temps, tout mon énergie et me voilà fidèle à Paulette. L’avenir me paraît un peu statique, j’aimerais m’intéresser aux chiens ou plutôt aux chiennes qui ont du chien ? Le sexe est toujours là et … et quoi ? je joue tout seul avec Popol. Quelle misère ! en arriver là après toutes ces expériences !

     

     

     

     

     

     

     

    Le 08/03/2019

    Salba et Françoise  


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