• Je m’appelle Victor, je suis haï de tous ou plutôt je rêve de le devenir. 

    Dans ma classe je m’ennuie ; les filles sont trop belles et trop gentilles, les garçons de vraies mauviettes. Tout est trop sympathique, même les profs. Moi j’aime quand ça fritte, que ça devient électrique, qu’il y a du mouvement, de la houle, des éclairs. La vie quoi !!!  

    Alors j’ai eu une idée. J’ai proposé un jeu, il est vrai, un peu risqué, mais j’aime le risque. C’est à celui qui inventera l’histoire la plus sordide, la plus sombre, la plus glauque sur un autre élève de la classe. Contre toute attente cela a marché. L’ambiance est devenue orageuse ; tous s’épient, se provoquent, s’invectivent, se liguent. L’orage est prêt à éclater. Qui gagnera ? Ahmed le meilleur attaquant ? Sirine la plus belle victime ? Nicolas le plus sournois ?

     

    Le jeu a attiré l’attention d’élèves d’autres classes en autre Nadia et sa clique. Ils commencent à devenir trop curieux et à se mêler de ce qui ne les regarde pas. Alors je me dis qu’il faudrait en finir. 

     

    En tant qu’animateur du jeu, j’ai récolté toutes les histoires. J’ai deux jours pour les lire et les classer. J’ai hâte de découvrir la noirceur de chacun. Je m’en délecte d’avance. 

    Première histoire, un vrai régal, du crash, super. Je ne sais pas de qui il s’agit mais quelle haine ! 

    La deuxième, c’est vicieux, mais de qui s’agit-il ? 

    Troisième histoire, c’est torride, mais qui ? 

    Et ainsi de suite. Je deviens perplexe en me demandant qui est cette bête noire haïe de tous. 

    Devant la classe assemblée je donne les résultats et pose la question. Tous éclatent de rire et me disent : « tu n’as pas deviné qui est ce gros nul ? » 

    Alors une bouffée de haine m’envahit.  « Les bouffons !! » Je veux hurler, le prof entre. A présent il est trop tard.

     


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  • Nous avons toujours habité au bord de la mer. Mais on n’allait pas souvent se baigner.

     Un dimanche le Père décide de nous faire plaisir.

    Tout commence par avec l’excitation des enfants.

    Puis tout devient compliqué pour la Mère : préparer les affaires, le pique-nique. La Mère a horreur de la mer. Elle a peur de l’eau, n’a pas de maillot de bain correct…

    Pour le Père, la mer n’est jamais assez propre, le sable colle partout, c’est très désagréable. Toutefois une plage entre Bandol et Sanary peut faire l’affaire !

    Les enfants sont impatients de partir, de sauter dans l’eau, de faire des pâtés de sable.

     Nous voilà enfin arrivés. La mer est bleue, le ciel aussi, pas de vague, peu de monde, de la place pour se garer, tout est parfait. Pourtant les parents ne sont pas cool. On les sent à l’affut, inquiets, tendus.

     Installés dans un endroit propre, serviettes étendues sur le sable, en maillots les quatre enfants commencent à courir vers l’eau. Et c’est là que les injonctions tombent :

    • On attend encore un peu, on n’a pas fini de digérer
    • On met ses sandales de plage
    • On ne court pas et on ne se jette pas dans l’eau,
    • On se mouille bien et on entre progressivement
    • On ne s’éloigne pas, on reste où on a pied
    • On ne met pas la tête dans l’eau
    • On ne se pousse pas
    • On ne crie pas, on entend que vous …

           Salba , 11/01/2018


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  •  

    Dormir à Ouagadougou

     

     

     

    Dormir, dormir ; ni la chaleur ni les bavardages des autres voyageurs n’entravent cet appel de tout mon corps.

     

    Une banquette rouge en vieux Skye me tend les bras ; Quel confort et quelle douceur après les cahots du taxi brousse !

     

    Le effluves d’insecticide forment un bouclier protecteur, les moustiques iront festoyer ailleurs !

     

    Le brouhaha environnant me berce et me rassure.

     

    A travers les grandes baies vitrées j’aperçois la nuit noire africaine. Je l’imagine habitée de lucioles vertes et du chant d’animaux à la recherche d’un compagnon de jeux.

     

    Je ferme les yeux et m’abandonne au plaisir du repos total.

     

    A mon réveil je reprends contact avec l’inconfort, la sobriété et la vétusté du lieu.

     

    Je ressens de la joie et de la reconnaissance pour cette banquette qui m’a offert un moment de répit !biggrin

     

    21/09/17

     


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